Le gouvernement brésilien accusé de dissimuler le nombre des morts
Les autorités régionales de santé au Brésil ont accusé samedi le gouvernement de Jair Bolsonaro de "rendre invisibles" les morts du coronavirus, après qu'un responsable du ministère de la Santé eut mis en doute le bilan officiel.
"La tentative autoritaire, insensible, inhumaine et contraire à l'éthique de rendre invisibles les morts du Covid-19 ne prospérera pas", a affirmé le Conseil national des secrétaires de la santé, organisation qui réunit ces autorités.
La veille, le ministère avait cessé de communiquer sur le total des morts au Brésil, pour ne plus donner que le nombre des dernières 24 heures. Le site internet avec les statistiques publiques avait aussi été supprimé ce jour-là, et est revenu en ligne samedi avec seulement les chiffres sur le dernier jour, sans bilan régional ni antérieur.
"Du point de vue de la santé, c'est à une tragédie que nous assistons (...) Ne pas informer signifie que l'Etat est plus nuisible que le virus", a accusé samedi dans un entretien diffusé sur les réseaux sociaux l'ancien ministre de la Santé de M. Bolsonaro, Luiz Henrique Mandetta, limogé en avril après avoir exprimé son désaccord avec la politique du gouvernement fédéral.
Vendredi, le secrétaire par intérim à la Science, la Technologie et aux Equipements stratégiques Carlos Wizard avait affirmé au journal Globo que le bilan officiel allait être révisé à la baisse en raison de chiffres "fantaisistes et manipulés".
Les autorités régionales qui permettent de les établir se sont dites scandalisées. "Sa déclaration, grossière, fallacieuse, dépourvue de tout sens éthique, d'humanité et de respect, mérite notre profond mépris, notre désapprobation et notre dégoût", ont-elles écrit.
Interrogé par l'AFP samedi, M. Wizard a indiqué que les chiffres n'allaient en fait pas être révisés. "Cela ne nous intéresse pas de déterrer les morts. Nous ne voulons pas réviser le passé, nous sommes plus préoccupés par le présent et l'avenir", a-t-il justifié.
Ce millionnaire qui a fait fortune grâce à l'enseignement de l'anglais est sans expérience dans le domaine de la santé. Mais il a critiqué le bilan de M. Mandetta, un médecin.
"Quand ont émergé les premiers cas l'orientation choisie était qu'avec les premiers symptômes il ne fallait pas aller à l'hôpital, parce que cela provoquerait un rassemblement de personnes. Si la maladie progressait, il fallait que les gens voient un médecin. Malheureusement, en suivant ces recommandations nous avons perdu des milliers de Brésiliens", a-t-il dit.
Il a rappelé que le ministère de la Santé prônait aujourd'hui un "traitement précoce" avec un ensemble de médicaments, dont l'hydroxychloroquine, qui divise la communauté scientifique mondiale.